Sur la photo : Pr Edouard Bardou-Jacquet Chef de service Service des maladies du foie Centre de Référence des Hémochromatoses
CHU de Rennes Université de Rennes
Faut-il surveiller la saturation au cours du traitement par saignées ?
Le traitement de l’hémochromatose HFE C282Y est établi depuis des décennies et permet, par des saignées intensives initiales de rétablir un équilibre dans le stock en fer de l’organisme. Des saignées régulières doivent ensuite être pratiquées tout au long de la vie pour maintenir un stock normal et compenser la tendance à l’absorption excessive de fer.
Bien que ce traitement soit efficace et bien toléré, des études ont montré que certains patients présentaient une qualité de vie moindre en raison de fatigue et de douleurs articulaires non améliorées par le traitement. Concernant la gestion du traitement, les recommandations suggèrent de viser une ferritine inférieure ou autour de 50 μg/L. Ceci est basé sur le fait que la ferritine est le meilleur test biologique pour évaluer les réserves totales en fer de l’organisme = le stock en fer. A ce niveau de ferritine, les réserves en fer de l’organisme sont supposées être faibles. La saturation de la transferrine elle, reflète non pas le stock mais le « flux » de fer dans le sang, ce qui représente donc à la fois son absorption et son transfert-circulation entre les différents sites d’utilisation de l’organisme sanguin. C’est pour cela qu’elle est largement utilisée pour le dépistage de l’hémochromatose HFE, car l’hyperabsorption du fer est le premier signe biologique de l’hémochromatose HFE. Cependant son utilisation pour le suivi des patients n’est pas recommandée.
Ces dernières années, le lien entre la saturation de la transferrine et la présence de formes toxiques de fer dans la circulation sanguine a été démontré. Ces formes toxiques de fer sont responsables du stress oxydatif et des lésions organiques liées à la surcharge en fer. Dans notre expérience, il est fréquent de voir des patients présentant une saturation de la transferrine élevée malgré une ferritine basse, ce qui suggère un flux de fer élevé malgré un stock de fer faible ou normal. D’autre part, il est bien décrit que la ferritine peut être faussement augmentée par d’autres causes sans lien direct avec les réserves de fer (par exemple en cas de surpoids, d’hypertension, diabète, consommation d’alcool), or dans ces situations la saturation de la transferrine est habituellement normale. Il est donc possible que pour certains patients traités pour une hémochromatose HFE, l’objectif d’une ferritine de 50μg/L ne reflète pas un stock normal mais une carence en fer.
Pour essayer d’avoir des réponses à cette question nous avons réalisé une étude rétrospective auprès des patients suivi dans notre centre et ayant accepté de participer, pour évaluer le lien putatif entre le niveau de saturation de la transferrine pendant le traitement et la qualité de vie. Nos résultats ont d’abord confirmé qu’au moins un tiers des patients présentaient une saturation de la transferrine élevée malgré une ferritine dans l’objectif de 50 μg/L. Ensuite, nos résultats suggèrent que les patients ayant une saturation de la transferrine élevée pendant le traitement étaient plus susceptibles d’avoir une qualité de vie inférieure ou de développer des douleurs articulaires. De manière surprenante, ce phénomène était indépendant du niveau de ferritine au cours du traitement.
Par conséquent, nous nous posons la question de savoir si l’utilisation de la saturation de la transferrine, en association avec le suivi de la ferritine, pour guider le traitement par saignées dans l’hémochromatose HFE fournirait une approche plus personnalisée et pourrait améliorer la qualité de vie des patients. Il en résulterait un traitement plus intensif chez les patients dont la saturation en transferrine est élevée malgré une ferritine adéquate, et un traitement moins intensif chez les patients dont la saturation en transferrine resterait normale malgré une ferritine supérieure à l’objectif habituel.
Pour répondre à cette question de manière claire nous venons de démarrer une grande étude dont l’objectif est d’inclure plus de 200 patients qui seront suivis pendant 2 ans avec des évaluations régulières des douleurs articulaires et de la qualité de vie au cours du suivi. Ces patients seront répartis en deux groupes : dans un groupe le traitement sera suivi de manière classique par la ferritine, dans l’autre groupe le traitement sera adapté en fonction de la ferritine et du coefficient de saturation de la transferrine. Une fois l’étude terminée nous pourrons comparer l’évolution des patients et voir dans quel groupe l’évolution aura été la plus favorable en termes de qualité de vie, de douleurs articulaires. Tous les centres du réseau du centre de références ainsi que les centres hospitaliers de St Malo, Lorient, Vannes et St Brieuc participent à cette étude pour optimiser le recrutement des patients. Les premiers patients viennent juste d’être inclus. Nous espérons donc pouvoir avoir les premiers résultats d’ici 3 ans…
Pr Edouard Bardou-Jacquet
Chef de service
Service des maladies du foie
Centre de Référence des Hémochromatoses
CHU de Rennes
Université de Rennes 1
peut -on étre vacciner contre le covid avec l ‘hémachromatose
Bonjour,
Il n’y aurait aucune indication contre la vaccination. Mon cas personnel, Homozygote, suivi par saignées depuis 1996, je suis à jour des trois vaccins et me porte bien.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour être protégé de la Covid 19.
Bien à vous
Joël DEMARES
VP FFH
Bonjour,
Y a -t-il des possibilités de participer à des essais cliniques en lien avec l’hémochromatose? celui ci présenté dans l’article ci-dessus (Saturation) ou un autre. J’habite à Caen en Normandie. je suis homozygote C282. Merci
Bonjour,
J’ai bien compris votre question. Le mieux serait de m’appeler pour en discuter au téléphone : Tel. 06 80 88 22 20
N’hésitez pas.
Joël DEMARES
FFH